1717

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Je cherche où est le charme attendrissant que mon cœur trouve à cette chanson : c’est un caprice auquel je ne comprends rien ; mais il m’est de toute impossibilité de la chanter jusqu’à la fin, sans être arrêté par mes larmes. J’ai cent fois projetté d’écrire à Paris pour faire chercher le reste des paroles, si tant est que quelqu’un les connoisse encore. Mais je suis presque sûr que le plaisir que je prens à me rappeller cet air s’évanouiroit en partie, si j’avois la preuve que d’autres que ma pauvre tante Suson l’ont chanté.

Genève, 1717 — Paris, 30 juin 1999. Les Confessions, Livre premier

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Je n’ai pas su comment mon pere supporta cette perte; mais je sais qu’il ne s’en consola jamais. Il croyoit la revoir en moi, sans pouvoir oublier que je la lui avois ôtée; jamais il ne m’embrassa que je ne sentisse à ses soupirs, à ses convulsives étreintes, qu’un regret amer se mêloit à ses caresses; elles n’en étoient que plus tendres. Quand il me disoit: Jean Jaques, parlons de ta mere; je lui disois: hé bien, mon pere, nous allons donc pleurer; et ce mot seul lui tiroit déja des larmes. Ah! disoit-il en gemissant; rend-la moi, console-moi d’elle; rempli le vide qu’elle a laissé dans mon ame. T’aimerois-je ainsi si tu n’étois que mon fils? Quarante ans après l’avoir perdue, il est mort dans les bras d’une seconde femme, mais le nom de la premiére à la bouche, et son image au fond du cœur.

Genève, 1717 — Genève, 9 juillet 1999. Les Confessions, Livre premier

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