1762

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Entre La Barre et Montmorenci je rencontrai dans un carrosse de remise quatre hommes en noir qui me saluerent en souriant. Sur ce que Therese m’a rapporté dans la suite de la figure des Huissiers, de l’heure de leur arrivée, et de la façon dont ils se comportérent, je n’ai point douté que ce ne fussent eux ; surtout ayant appris dans la suite qu’au lieu d’être decreté à sept heures comme on me l’avoit annoncé, je ne l’avois été qu’à midy. Il fallut traverser tout Paris. On n’est pas fort caché dans un cabriolet tout ouvert. Je vis dans les rues plusieurs personnes qui me saluerent d’un air de connoissance, mais je n’en reconnus aucun.

Montmorency, 9 juin 1762 — Montmorency, 9 juin 1998. Les Confessions, Livre onzième

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Une entre autres appellée Isabelle d’Ivernois, fille du Procureur General de Neufchâtel me parut assez estimable pour me lier avec elle d’une amitié particuliére, dont elle ne s’est pas mal trouvée, par les conseils utiles que je lui ai donnés, et par les soins que je lui ai rendus dans des occasions essencielles, de sorte que maintenant, digne et vertueuse mere de famille, elle me doit peut-être sa raison, son mari, sa vie et son bonheur. De mon côté je lui dois des consolations très douces, et surtout durant un bien triste hiver où dans le fort de mes maux et de mes peines elle venoit passer avec Therese et moi de longues soirées qu’elle savoit nous rendre bien courtes par l’agrément de son esprit et par les mutuels épanchemens de nos cœurs. Elle m’appelloit son papa, je l’appellois ma fille, et ces noms que nous nous donnons encore ne cesseront point, je l’espere de lui être aussi chers qu’à moi. Pour rendre mes lacets bons à quelque chose j’en faisois présent à mes jeunes amies à leur mariage à condition qu’elles nourriroient leurs enfans […].

Môtiers, septembre 1762 — Grenoble, 19 septembre 1999. Les Confessions, Livre douzième

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Tout cela n’empêchoit pas qu’à les entendre je ne dusse être très reconnoissant de l’extrême grace qu’ils me faisoient de me laisser vivre à Motiers, où ils n’avoient aucune autorité; ils m’auroient volontiers mesuré l’air à la pinte, à condition que je l’eusse payé bien cher. Ils vouloient que je leur fusse obligé de la protection que le Roi m’accordoit malgré eux, et qu’ils travailloient sans relâche à m’ôter. Enfin n’y pouvant reussir, après m’avoir fait tout le tort qu’ils purent, et m’avoir décrié de tout leur pouvoir, ils se firent un mérite de leur impuissance, en me faisant valoir la bonté qu’ils avoient de me souffrir dans leur pays.

Môtiers, 1762 — Môtiers, 12 août 1997. Les Confessions, Livre douzième

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