L’étude des animaux n’est rien sans l’anatomie; c’est par elle qu’on apprend à les classer à distinguer les genres, les espéces. Pour les étudier par leurs mœurs, par leurs caractéres il faudroit avoir des voliéres, des viviers, des ménageries, il faudroit les contraindre en quelque maniére que ce put être à rester rassemblés autour de moi. Je n’ai ni le gout ni les moyens de les tenir en captivité, ni l’agilité nécessaire pour les suivre dans leurs allures quand ils sont en liberté. Il faudra donc les étudier morts, les déchirer, les desosser, fouiller à loisir dans leurs entrailles palpitantes ! Quel appareil affreux qu’un amphitheatre anatomique, des cadavres puans, de baveuses et livides chairs, du sang, des intestins dégoutans, des squeletes affreux, des vapeurs pestilentielles! Ce n’est pas là, sur ma parole, que J. J. ira chercher ses amusemens. Brillantes fleurs, email des près, ombrages frais, ruisseaux, bosquets, verdure, venez purifier mon imagination salie par tous ces hideux objets.
Montpellier, septembre 1737 — Montpellier, 19 septembre 1999. Les Rêveries du promeneur solitaire, Septième Promenade