Fête

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Fête

« Ce que le Contrat stipule sur le plan de la volonté et de l’avoir, la fête le réalise sur le plan du regard et de l’être : chacun est « aliéné » dans le regard des autres, et chacun est rendu à lui-même par une « reconnaissance » universelle. Le mouvement du don absolu se renverse pour devenir contemplation narcissique de soi-même : mais le moi ainsi contemplé est pure liberté, pure transparence, en continuité avec d’autres libertés, d’autres transparences : c’est un « moi commun ». » (Jean Starobinski , La Transparence et l’Obstacle, p. 121.)

La fête du « peuple entier » (Rêveries, p. 1085) est la réminiscence du rassemblement autour du point d’eau : « Là fut enfin le vrai berceau des peuples, et du pur cristal des fontaines sortirent les prémiers feux de l’amour. » (Essai sur l’origine des langues, O.C., t. V, p. 406.) Rousseau le révèle aussi dans la dimension douce-amère de souvenirs de jeunesse : l’aqueduc de Bossey (Confessions, p. 23) ; la fontaine de Héron (Confessions, p. 101).

Notes associées : Loi, Maisons.


La danse fut suspendüe; ce ne furent qu’embrassemens, ris, santés, carresses. Il résulta de tout cela un attendrissement général que je ne saurois peindre, mais que dans l’allegresse universelle, on éprouve assés naturellement au milieu de tout ce qui nous est cher. Mon Pére, en m’embrassant, fut saisi d’un tressaillement que je crois sentir et partager encore. Jean-Jaques, me disoit-il, aime ton pays. Vois-tu ces bons Genevois; ils sont tous amis, ils sont tous fréres; la joye et la concorde régne au milieu d’eux. Tu es Génevois, tu verras un jour d’autres Peuples; mais, quand tu voyagerois autant que ton Pére, tu ne trouveras jamais leur pareil. On voulut recommencer la danse, il n’y eut plus moyen; on ne savoit plus ce qu’on faisoit; toutes les têtes étoient tournées d’une ivresse plus douce que celle du vin.

Genève, juin 1720, 1721 ou 1722 — Genève, 21 août 1997. Lettre à d’Alembert

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