Bord de l’eau

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« La comparaison entre l’apparence que prend une chose à tel ou tel endroit nous permet d’établir un indice de réfraction lié à certaines données toujours présentes mais variables, et donc de reconstituer ce que serait cette apparence si telle donnée était supprimée. Il s’agit d’utiliser l’imagination contre elle-même, et, à partir de ces demi-vérités trompeuses, de construire une fiction véridique qui nous permette de savoir où nous sommes et où nous en sommes. » (Michel Butor, « L’île au bout du monde », Répertoire III, p. 64.)

Le bord de l’eau, ligne de rencontre de l’opacité et de la transparence, milieu de réfraction des apparences, est le lieu par excellence de la mise en scène de la recherche de la vérité des êtres (note : Le lac). Pour Rousseau, qui s’est plu à s’asseoir sur un rocher pour voir ses larmes tomber dans l’eau (Confessions, p. 152), c’est le site désigné de l’autobiographie (Comme pour Jean-Luc Godard dans JLG/JLG).

Notes associées : Chute d’eau, Optique.


Cette maniére de procéder éxige une patience et une circonspection dont peu de maitres sont capables, et sans laquelle jamais le disciple n’apprendra à juger. Si par exemple, lorsque celui-ci s’abuse sur l’apparence du bâton brisé, pour lui montrer son erreur, vous vous pressez de tirer le bâton hors de l’eau, vous le détromperez peut-être ; mais que lui apprendrez-vous ? Rien que ce qu’il auroit bientôt appris de lui-même. Oh que ce n’est pas là ce qu’il faut faire ! Il s’agit moins de lui apprendre une vérité que de lui montrer comment il faut s’y prendre pour découvrir toujours la vérité. Pour mieux l’instruire, il ne faut pas le détromper sitôt.

Montmorency, 1759 — Rolle, 12 août 1997. Émile, livre III

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