Bornes

Vous consultez actuellement les archives pour le thème Bornes.

Bornes

« L’œuvre donne lieu à une différence qu’elle a reçue de l’expérience et qui passe en monde, fait un monde. Sa manière de la faire est son secret — décelable dans sa structure. Pour qu’il y ait un dedans où rentrer; pour qu’il y ait une différence entre Clarens, ce Heim du Heimkunft, et le reste du monde, et ainsi un monde par le jeu de cette différence, il faut qu’il y ait un dedans du dedans, un dedans qui se creuse, se retire, se soit retiré, en « lui-même ». » (Michel Deguy, « L’abîme de la Nouvelle Héloïse », La poésie n’est pas seule, p. 130.)

Rousseau, dont l’épisode de la « manufacture dans un précipice » (Rêveries, p. 1071) souligne la propension aux « réduits », donne en note de la lettre de Saint-Preux une indication pour un art des jardins : « On perdroit, il est vrai, l’agrément des points de vue ; mais on gagneroit l’avantage si cher aux propriétaires d’aggrandir à l’imagination le lieu où l’on est, et dans le milieu d’une étoile, assés bornée on se croiroit perdu dans un parc immense » (p. 483). Dans De la composition des paysages, le marquis de Girardin reprend le modèle d’une « vue pittoresque et bornée, convenable aux proportions d’un domicile ou d’une habitation » (pp. 41-42).

Notes associées : Île, Jardin, Loi, Maisons.


Ce lieu, quoique tout proche de la maison est tellement caché par l’allée couverte qui l’en sépare qu’on ne l’apperçoit de nulle part. L’épais feuillage qui l’environne ne permet point à l’œil d’y pénétrer, et il est toujours soigneusement fermé à clé. A peine fus-je au dedans que la porte étant masquée par des aulnes et des coudriers qui ne laissent que deux étroits passages sur les côtés, je ne vis plus en me retournant par où j’étois entré, et n’appercevant point de porte, je me trouvai là comme tombé des nues.

Clarens, août 1744 — Londres, 23 juillet 1997. La Nouvelle Héloïse, Quatrième partie, Lettre XI

Mots clés :