Jardin

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Jardin

« C’est ainsi que la lettre elle-même se fait jardin, le texte, verger, puisque les moments de son énonciation réitèrent l’antique paradoxe du jardin, son insurpassable contradiction où l’art et la nature, l’artifice et la vérité, l’imaginaire et le réel, la représentation et l’être, la mimésis et l’originaire jouent à cache-cache. Logique du jardin, logique du texte qui est celle de l’imaginaire : déplacement de l’espace de la nature en un lieu privilégié où son infinie diversité, sa profusion inépuisable, sa production se condensent et se résument dans un produit, une représentation, qui s’y substitue et en tient lieu. » (Louis Marin, Lectures traversières, pp. 70-71.)

Le jardin de Julie est autant le lieu de l’artifice et de la jouissance répétée que d’un principe économique féminin. L’événement de l’installation à Annecy chez Madame de Warens est souligné par une couleur : « j’avais du verd devant mes fenêtres. » (Confessions, p. 105.)

Notes associées : Bornes, Île.


Ces guirlandes sembloient jettées négligemment d’un arbre à l’autre, comme j’en avois remarqué quelquefois dans les forêts, et formoient sur nous des especes de draperies qui nous garantissoient du soleil, tandis que nous avions sous nos pieds un marcher doux, comode, et sec sur une mousse fine sans sable, sans herbe, et sans rejettons raboteux. Alors seulement je découvris, non sans surprise, que ces ombrages verds et touffus qui m’en avoient tant imposé de loin, n’étoient formés que de ces plantes rampantes et parasites qui, guidées le long des arbres, environnoient leurs têtes du plus épais feuillage et leurs pieds d’ombre et de fraicheur.

Clarens, août 1744 — Oxford, Nuneham, 23 juillet 1997. La Nouvelle Héloïse, Quatrième partie, Lettre XI

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