« C’est ainsi que la lettre elle-même se fait jardin, le texte, verger, puisque les moments de son énonciation réitèrent l’antique paradoxe du jardin, son insurpassable contradiction où l’art et la nature, l’artifice et la vérité, l’imaginaire et le réel, la représentation et l’être, la mimésis et l’originaire jouent à cache-cache. Logique du jardin, logique du texte qui est celle de l’imaginaire : déplacement de l’espace de la nature en un lieu privilégié où son infinie diversité, sa profusion inépuisable, sa production se condensent et se résument dans un produit, une représentation, qui s’y substitue et en tient lieu. » (Louis Marin, Lectures traversières, pp. 70-71.)
Le jardin de Julie est autant le lieu de l’artifice et de la jouissance répétée que d’un principe économique féminin. L’événement de l’installation à Annecy chez Madame de Warens est souligné par une couleur : « j’avais du verd devant mes fenêtres. » (Confessions, p. 105.)