Optique

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Optique

C’est là, ma Julie, que ton malheureux amant acheve de jouïr des derniers plaisirs qu’il goûtera peut-être en ce monde. C’est de là qu’à travers les airs et les murs, il ose en secret pénétrer jusques dans ta chambre. » (La Nouvelle Héloïse, Première Partie, Lettre XXVI, O.C., t. II, pp. 90-91.) Chronologie : 1734.

L’optique de Rousseau préfère la vision rapprochée aux vues d’ensemble (Confessions, p. 146). Elle se fonde sur la transparence de l’air, les montagnes suisses, (La Nouvelle Héloïse, Ière Partie, Lettre XXIII, O.C., t. II, pp. 79) et de l’eau (la réfraction  du bâton dans l’eau expérimentée dans l’Émile, note : Le bord de l’eau), sur la chambre noire (pour saisir automatiquement son portrait, Ébauches des Confessions, O.C., t I, p 1154), la loupe (pour corriger sa myopie et s’approcher des plantes, Rêveries, p. 1043), le télescope (pour ses observations astronomiques aux Charmettes, Confessions, p. 240), ou encore « l’effet d’une optique » (la réminiscence vive des images) que lui procure son herbier (Rêveries, p. 1073). C’est encore ce qu’on nommera aujourd’hui la « pulsion scopique » qui s’empare de Saint-Preux à Meillerie.

Notes associées : Objets.


Parmi les rochers de cette côte, j’ai trouvé dans un abri solitaire une petite esplanade d’où l’on découvre à plein la ville heureuse où vous habitez. Jugez avec quelle avidité mes yeux se porterent vers ce séjour chéri. Le premier jour, je fis mille efforts pour y discerner votre demeure; mais l’extrême éloignement les rendit vains, et je m’apperçus que mon imagination donnoit le change à mes yeux fatigués. Je courus chez le Curé emprunter un telescope avec lequel je vis ou crus voir votre maison, et depuis ce tems je passe des jours entiers dans cet azile à contempler ces murs fortunés qui renferment la source de ma vie. Malgré la saison je m’y rends dès le matin et n’en reviens qu’à la nuit. Des feuilles et quelques bois secs que j’allume servent avec mes courses à me garantir du froid excessif. J’ai pris tant de goût pour ce lieu sauvage que j’y porte même de l’encre et du papier, et j’y écris maintenant cette lettre sur un quartier que les glaces ont détaché du rocher voisin.

Meillerie, hiver 1734 — Meillerie, 15 mars 1998. La Nouvelle Héloïse, Première partie, Lettre XXVI

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