« Il ne peut souffrir une oisiveté absolue : il faut que ses mains, que ses pieds, que ses doigts agissent, que que son corps soit en exercice et que sa tête reste en repos. Voila d’où vient sa passion pour la promenade; il y est en mouvement sans être obligé de penser. Dans la rêverie on n’est point actif. Les images se tracent dans le cerveau, s’y combinent comme dans le sommeil sans le concours de la volonté : on laisse à tout cela suivre sa marche, et l’on jouit sans agir. » (Rousseau juge de Jean Jaques, Deuxième Dialogue, O.C., t. I, p. 845.)
La rêverie telle que l’inaugure Rousseau est, conformément à son étymologie, un vagabondage, une manière de s’écarter du chemin tracé. Elle s’assimile, dans sa structure, à la « succession de moments présents » ou à la « chaîne des idées accessoires », mouvements de la pensée autant que de la relation aux choses. Récits d’une jeunesse de vagabond et de voyageur à pied (Confessions, p. 45, p. 55, p. 99, p. 162, p. 169, p. 173), ou de l’herborisation des dernières années (Rêveries, p. 1003, p. 1004, p. 1043, p. 1060, p. 1071). Les rêveries-promenades de Rousseau s’identifient à la pratique littéraire.
Notes associées : Mort.