Promenade

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Promenade

« Il ne peut souffrir une oisiveté absolue : il faut que ses mains, que ses pieds, que ses doigts agissent, que que son corps soit en exercice et que sa tête reste en repos. Voila d’où vient sa passion pour la promenade; il y est en mouvement sans être obligé de penser. Dans la rêverie on n’est point actif. Les images se tracent dans le cerveau, s’y combinent comme dans le sommeil sans le concours de la volonté : on laisse à tout cela suivre sa marche, et l’on jouit sans agir. » (Rousseau juge de Jean Jaques, Deuxième Dialogue, O.C., t. I, p. 845.)

La rêverie telle que l’inaugure Rousseau est, conformément à son étymologie, un vagabondage, une manière de s’écarter du chemin tracé. Elle s’assimile, dans sa structure, à la « succession de moments présents » ou à la « chaîne des idées accessoires », mouvements de la pensée autant que de la relation aux choses. Récits d’une jeunesse de vagabond et de voyageur à pied (Confessions, p. 45, p. 55, p. 99, p. 162, p. 169, p. 173), ou de l’herborisation des dernières années (Rêveries, p. 1003, p. 1004, p. 1043, p. 1060, p. 1071). Les rêveries-promenades de Rousseau s’identifient à la pratique littéraire.

Notes associées : Mort.


Pour bien remplir le titre de ce recueil je l’aurois du commencer il y a soixante ans : car ma vie entiére n’a guére été qu’une longue réverie divisée en chapitres par mes promenades de chaque jour. Je le commence aujourdui quoique tard parce qu’il ne me reste plus rien de mieux à faire en ce monde.  Je sens déja mon imagination se glacer, touttes mes facultés s’affoiblir. Je m’attends à voir mes reveries devenir plus froides de jour en jour jusqu’à ce que l’ennui de les écrire m’en ôte le courage; ainsi mon livre si je le continue doit naturellement finir quand j’approcherai de la fin de ma vie.

Paris, 1776  — Ermenonville, 2 juillet 1999. Ébauches des Rêveries

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