Écriture

« […] cette idée d’un procès qu’on lui fait, d’un jugement auquel il est livré et d’un tribunal devant lequel il lui faut incessamment se justifier en se racontant sans cesse, lui est imposée par la forme de littérature où il excelle et dont sa pensée subit jusqu’à la hantise des exigences processives. En ce sens, c’est bien le dédoublement, la discorde entre la parole littéraire, encore classique et cicéronienne, justificatrice, soucieuse et fière d’être juste — et la parole originelle, immédiate, injustifiée mais ne relevant d’aucune justice, ainsi fondamentalement innocente, qui expose l’écrivain à se sentir tour à tour Rousseau et Jean-Jacques, puis à la fois l’un et l’autre dans une dualité qu’il incarne avec une admirable passion. » (Maurice Blanchot, Le Livre à venir, p. 67.)

Écrivain autodidacte, heureux (Confessions, p. 436), fêté puis censuré, contesté, errant en littérature d’un genre à l’autre, Rousseau se sent prisonnier de l’écriture (Confessions, p. 279, Rêveries, p. 1076).

Notes associées : Mort, Supplément.